Amour en musique 4
La maison était plongée dans une quasi
obscurité. Seules quelques bougies trônaient sur une table où des
pétales de roses semblaient avoir été dispersées avec soin et amour.
Elle alluma les bougies. Je humai une odeur d’encens. Une musique
lancinante et sensuelle émergea de la chaîne hi-fi.
De l’encens? Des bougies? Une table avec des pétales de roses? De
la musique sensuelle? Que pouvait donc bien mijoter ma belle rousse...?
Quand nous entrâmes dans la maison, je n’entendis aucun bruit. A
l’exception de quelques bougies que Laura avait allumé dans ce qui
semblaient être la cuisine et le salon de la maison, l’endroit
paraissait… sans vie, silencieux. Je ne comprenais pas. Laura ne
m’avait-elle pas dit que son amie serait là, avec son copain? Ne
m’avait-elle pas dit qu’on s’amuserait bien en compagnie de Sarah?
Avais-je alors mal compris?
Laura a donc allumé une poignée de bougies, et plus je foulais les
pieds dans cette maison, plus j’avais l’impression d’être là où je ne
devais pas l’être. Un peu comme en territoire inconnu, hostile et
ennemi, en quelque sorte. Tout d’un coup, je ne savais pas ce que je
faisais ici. À l’aide des bougies, j’essayais de me repérer à
l’intérieur de cette maison. Sarah et son ami semblaient vivre un amour
très fort d’après ce que je pouvais voir à travers les cadres photo qui
étaient omniprésents dans cette partie de la maison dans laquelle nous
étions à ce moment-là: Sarah et Romain qui s’embrassent… Romain qui
enlace Sarah, par-derrière, en passant les bras autour de sa taille…
Sarah qui lèche le lobe de l’oreille de son fiancé, etc. Je ne voyais, à
priori, aucun cliché explicite mais ça semblait être le bonheur absolu,
l’amour fou entre ces deux-là. Et moi… je me trouvais en plein cœur de
leur nid d’amour, comme un parfait inconnu, tel la cinquième roue du
carrosse et je me demandais ce que j’y faisais à ce moment précis. Le
couple semblait s’être absenté… alors que la jeune femme rousse m’avait
dit qu’ils seraient là et que sa proposition, ce n’était pas ce à quoi
je pensais. Pourtant, j’étais seul avec elle. De quoi me poser quelques
questions, quand même!
L’encens fumait et dispersait dans l’air une senteur sauvage, comme
de fruits rouges. Une senteur sauvage, mais délicate et agréable. Et
quand vous y combinez les bougies qui dansaient au contact de l’air,
dans des verres comme ceux dans lesquels on sert le whisky. Impossible
non plus d’ignorer toutes ces pétales de roses rouges sur la table. For
You, de Rita Ora et de Liam Payne, extrait de la B.O. du dernier volet
de la trilogie Cinquante nuances, avait été le premier morceau qui était
sorti des baffles de la chaîne hi-fi, quand nous étions entrés. À
présent, c’était au tour du Can’t Stop Loving You de Phil Collins. Hmmm…
des chansons teintées d’amour, de sensualité, et de sexe? Que pouvait
bien mijoter la rousse? Hmmm… je crois que je commençais alors à
comprendre… C’est alors que j’adressai un regard à Laura. Un regard
perplexe. Un regard où je lui exprimai mon incertitude, mon manque
d’assurance, mais aussi, en un sens, ma peur. Peut-être que le moment
fatidique, MON moment fatidique n’allait pas tarder à se passer.
J’aurais pu être davantage à l’aise parce qu’elle m’avait masturbé et
sucé auparavant. Ça avait été à sens unique. Tandis que là… Ce serait à
moi de m’occuper d’elle, et toute entière! L’atmosphère devint peu à peu
inconfortable pour moi: mon esprit était envahi de questions, ma
respiration était plus courte, mes mains devinrent moites, et pour
couronner le tout… je bandais de nouveau, fort. J’étais tout dur,
enfermé dans mon boxer.
Je sentis alors une main sur mon épaule. Des lèvres qui se posaient
tout doucement dans mon cou. Laura me regardait et me faisait face, les
yeux brillants, pétillants d’amour… et de désir ?
– Benoit, tu as compris. Je l’ai senti, tu sais, quand je te voyais
marcher tout autour de toi. Tu semblais te poser beaucoup de questions.
Je me trompe? Tu semblais te demander ce que tu pouvais bien faire ici.
Alors oui, nous sommes bien chez mon amie Sarah et son ami. Mais non,
ils ne sont pas là. Je t’ai menti, je l’avoue. Sarah et Romain ont
décidé de s’accorder un week-end en amoureux, hors de Montpellier. C’est
juste que… que…
– Mais… Mais… Pour… pourquoi? Pourquoi tu ne m’as pas dit la vérité dès le début, Laura?
– Pourquoi? Pourquoi?? Dois-je te rappeler à quel point je t’ai pris
au dépourvu dans votre loge? Quand j’ai commencé à te parler? Quand je
t’ai demandé de venir avec moi ici? Quand je t’ai embrassé? Quand je
t’ai pris sur le fait alors que tu croyais me mater en secret et que tu
bandais comme un jeune étalon qui ne sait pas quoi faire de la
sensualité qu’on lui a donné? Paradoxalement , tu l’étais moins quand tu
m’as demandé de te sucer. Alors, je t’ai branlé et je t’ai fait une
pipe. Et ça t’a plu, je me trompe? Il est où, le problème? Hein? Tu peux
me le dire? Je ne te plais plus, c’est ça? Réponds-moi!
– Je… Je… Je…
– J’ai envie de toi, Benoit! J’ai envie que tu me fasses l’amour!
J’ai envie que tu me baises comme jamais je n’ai été baisée! Ici, dans
cette maison, maintenant!
Je déglutis en entendant ces mots. Mes yeux devaient une fois
ressembler à deux grosses soucoupes. Voilà pourquoi la mignonne jeune
rousse m’avait emmené jusqu’ici! Son fantasme était de coucher avec
moi! Et même si elle m’avait menti, je dus reconnaître qu’elle s’était
donnée les moyens pour parvenir à ses fins. Et, plus que les autres
filles que j’ai pu connaître, elle est la seule qui ait su les mots pour
me parler, qui se soit intéressée à moi et faire en sorte que je sois
en retour intéressé… et excité. Elle a été la seule à avoir percé la
combinaison secrète qui maintenait ma boîte de Pandore fermée… et
vierge. Et… je voulais que ce soit ELLE, la première femme avec qui
j’allais faire l’amour.
Je sentis quelque chose sur mon cou. Non seulement des lèvres, mais aussi une
main. Les lèvres, SES lèvres, ses lèvres au goût cerise, je les sentais
de nouveau : dans mon cou, sur mes lèvres. Délicates et prévenantes.
Douces. Sa langue recherchait la mienne. Nous gémîmes en chœur. Sa main
se posa sur mon érection, et insista le mouvement de la caresse.
– Chut… Ne dis rien… Savoure juste l’instant...
Truly Deeply Madly de Savage Garden...
J'abandonne. Il faut que je m'abandonne, et que je lâche du lest. Il
faut que je savoure l'instant. Cette maison, cette nuit, Laura.
À première vue, Laura ne semblait plus être capable de me surprendre
parce que je m’étais à priori habitué. Et pourtant… Quand elle posa sa
main sur mon cou, quand nos lèvres se rencontrèrent et se touchèrent,
elle prenait bien soin de ne pas me brusquer. Elle avait de l’emprise
sur moi, et elle le savait. Elle en avait parfaitement conscience, mais
elle n’en abusait jamais. Ou bien… Elle en abusait, mais par toutes
petites touches, pour que je réagisse positivement et agréablement. Oui,
peut-être qu’elle en abusait, mais elle connaissait mes limites. Elle
avait peut-être su voir l’adolescent que j’avais pu être à travers
l’homme que j’essaie d’être aujourd’hui. Elle sentait que j’avais besoin
de tout un contexte pour n’appartenir qu’à ELLE. Elle ne jouait pas les
allumeuses, comme bon nombre de ces collégiennes, lycéennes et autres
jeunes femmes dont j’avais malheureusement fait la connaissance, au fil
des années.
Un petit sourire… Une main sur mon cou ou bien sur mon visage… De
tendres mots doux, délicieux et savoureux, audacieux parfois, chuchotés à
mon oreille… Laura savait ce qu’il fallait faire pour me rassurer… et
m’exciter, pour que je me sente en adéquation avec elle. Et pourtant… Me
sachant maintenant sans expérience, mais curieux, elle eut envie de
prendre son temps, et sut le prendre. Elle sut contenir, un temps, le
désir de plus en plus irrépressible qui avait pris possession d’elle.
Elle se savait trempée. Elle n’attendait plus que moi, que le contact de
mes doigts et de ma bouche sur elle, en elle. D’habitude, la plupart du
temps, c’est un homme qui tourne autour d’une femme, nous sommes
d’accord? Là, les rôles étaient inversés. Elle me tournait autour, et
j’étais sa proie, sa chasse gardée.
Plus le temps défilait, et plus ma résistance pliait et rompait.
Laura posait la main sur mon cou. Sur mon visage. Tenait mon visage
entre ses mains, comme pour savourer l’instant qu’elle partageait avec
moi. Elle me caressait les cheveux, et glissait sa main en eux. Elle
laissait balader ses mains plus bas: dans mon dos, sur mes fesses. Sur
ma queue. Je me foutais par-dessus tout de mon groupe de rock. Des
paroles que j’écrivais. De ces chœurs que j’assurais sur scène. Là,
j’avais chaud. Ma queue- je le sentais - n’avait jamais été autant en
fête, en verve. Même Stéphanie ne m’avait pas autant fait bander,
d’aussi loin que je me souvienne. Laura, elle, avait conscience, de plus
en plus, qu’elle avançait en terrain conquis. Je souriais. Elle
gloussait au fur et à mesure qu’elle me touchait partout. Je profitais
de l’instant. Je SAVOURAIS L’INSTANT.
– Benoit… Quoique ces filles t’ont dit ou fait, je ne suis pas comme
elles. Il faut que tu le saches. Je suis honorée d’être celle à qui tu
es sur le point d’offrir ta première fois. J’en mouille ma petite
culotte, mais j’en ai presque les larmes aux yeux. Car c’est toi que je
veux, et pas un autre que toi. J’aimerais juste que tu te lâches, que tu
t’abandonnes et que tu savoures l’instant. Je veux faire de ta première
fois un souvenir que tu ne vas pas être près d’oublier et que tu ne
voudras pas oublier. Je n’ai jamais voulu jouer avec toi. C’est juste
que tu me plais. Je ne sais toujours pas grand-chose sur toi, et je ne
sais pas tout de ce que tu peux encore cacher. Je n’arrive toujours pas à
comprendre pourquoi tu es sur la défensive, sur la réserve, à douter
autant de toi. Je veux dire… Regarde-toi! Tu es beau. Tu as plus de
classe que tes copains de scène. Tu ne m’as pas sauté dessus… Tu n’y es
pas allé la main la première sur mes seins ou sur mes fesses. Je sais
déjà que tu prendras soin de moi, et que j’aurai du plaisir. Oh mon
Benoit... Qu’est-ce qu’elles t’ont fait pour que tu sois si peu sûr de
toi? Tu n’as aucune honte à avoir de toi-même. Tu es beau à l’intérieur
comme à l’extérieur, et si je suis avec toi, c’est que…
Elle réfléchit.
– C’est que je me sens bien avec toi et que tu me fais vibrer. Si,
si, je t’assure! Tu n’en as pas conscience mais j’ai chaud, moi aussi.
Une chaleur est née sous ma culotte. Et quand tu découvriras ma
poitrine, tu verras… Et tu comprendras ce que je veux dire par là. Tu as
eu droit à des "Je préfère qu’on reste amis…", c’est ça? Elles n’ont
pas cherché à savoir ce que tu pouvais bien cacher, et… donner, c’est
ça? Moi, trop de fleurs, de chocolats, et trop de délicatesse, c’est pas
pour moi, je te préviens, mais… Derrière tant de pudeur et d’humilité,
je ne m’imaginais pas tant de douleur et tant de secrets. Oh…
Elle essaie de réprimer un sanglot, mais elle n’y arrive pas.
– Laura… Si tu voulais qu’on s’arrête là, je comprendrais. Je ne
suis pas pour toi. Un colosse. Un mec. Comme ces acteurs porno. Je n’ai
que des pieds d’argile. Pas étonnant qu’aucune fille n’ait craqué pour
moi pendant toutes ces années. Je ne suis pas pour toi. Tu devrais me
planter là, et m’oublier…
Elle m’a interrompu.
– Chut, chut, chut…
Elle m’a embrassé.
– Ne dis rien… Tu es fait pour moi. Tu ne te la pètes pas. Quant à
ces mecs qui se prennent pour des acteurs porno, crois-moi, j’en ai
connu quelques-uns, au lit. Et je n’y ai pas pris le moindre plaisir.
Ils ne pensent qu’à eux. Toi… Quelque chose me dit que ton fantasme est
de donner du plaisir à ta partenaire de jeu avant de penser au tien,
c’est ça? Tu n’es que pure sincérité. Dans ce monde actuel, ce serait
tabou. Pourtant, je suis sûre que des femmes rêvaient de tomber sur
quelqu’un comme toi. Mais moi, je suis chanceuse, car tu… es… à… moi.
Tu… m’appartiens. Et je compte bien en profiter. C’est toi que je
voulais. C’est toi que je veux. Toi, et toi seul. Toi, et toi seul dont
les yeux se ferment quand les paroles sont intimes. J’étais une parmi
des millions de femmes, mais tu m’as touchée. Et visiblement, tu m’as
choisie puisque tu m’as laissée te caresser et te sucer…
– Laura…
– Chut… Ne dis rien… Tu caches beaucoup de choses, et je ne suis pas
qu’une amoureuse transie. Je n’ai pas envie de passer que des moments
cul-cul la praline, avec toi. Hmmmm…. Abandonne-toi, Benoit! Fais le
vide dans ta tête… Je ne suis pas une fan dans la foule de vos concerts.
Je veux que tu me fasses l’amour, et que je veux te sentir t’abandonner
pour que tu puisses prendre ton pied avec moi.
Sur ce, elle passa sa main sur l’ourlet de mon T-Shirt. Elle le
passa au-dessus de ma tête, et me le retira.
- On enlève ça, d’accord?
Il n’était plus question de paroles ou de mélodies. Il n’était plus
question que de deux personnes, se rendant désir pour désir.
Because the Night de Patti Smith: Laura, la tête la première,
plongea en direction de mon visage. Elle prit mon visage entre ses
mains, et picora mes lèvres. Elle trouva ma langue. Plus elle
descendait, elle trouva successivement mon cou, ma gorge, puis ce fut au
tour de mes tétons. Elle y passa les doigts. Elle les pinça. Puis, elle
y posa les lèvres, et la langue. J’émis un gémissement. Je haletai. Je
m’abandonnai à la caresse. Je m’abandonnai tout court, au fur et à
mesure que la "petite" rousse poursuivait sa progression vers le sud.
– Laisse-moi t’entendre, Benoit… J’aime t’entendre. Parce que ça
m’aide à savoir si ce que je te fais te fait de l’effet. Et visiblement,
c’est le cas. Hmmmm… Mes rêves les plus secrets et les plus inavouables
deviennent réalité, et je ne compte pas m’arrêter. Tu… es… à… moi.
Sourire diabolique aux lèvres, ses mains continuaient de descendre.
Sur mon thorax… Sur mes abdominaux… Sur mes flancs… Sur le bas de mes
reins… Puis, jusqu’au pubis. Sa langue, elle, jouait un peu avec mon
nombril. Ses doigts, elle s’amusait à les faire glisser sur mon pubis.
Même sourire diabolique aux lèvres qu’il y a quelques instants, ses
mains s’emparèrent de mes fesses.
Elle posa ensuite ses mains sur la boucle de ma ceinture, et
s’apprêta à l’enlever… Sourire diabolique aux lèvres, et regard plein de
défi: elle me fit comprendre qu’elle n’était plus là pour jouer. Elle
allait, d’un instant à l’autre, passer aux choses sérieuses, passer à
l’attaque… et j’aimais ça.
Mais je la pris de court en posant mes mains sur sa taille. Une main
ensuite posée sur sa joue, de l’autre main, un doigt touchait ses
lèvres. Elle ouvrit la bouche, et mordit mon doigt. J’étais prêt à lui
rendre la monnaie de sa pièce...
You Came de Kim Wilde...
J'allai à la rencontre de ma Laura. J'allai la prendre à son propre jeu...
– Hmmm… J’aime m’occuper de toi… Tu le vois? Tu t’en rends compte? Et
là… C’est toi qui veux s’occuper de moi, il semblerait… Oh Benoit! Je
savais que tu n’étais pas si lisse. Je savais que tu cachais des choses.
Que tu étais mystérieux. T’ai-je libéré? Je… suis… à… toi.
– Tu… es… à… moi. Tu… me… plais.
Je ponctue chaque mot d’un baiser ou d’un mouvement de la langue.
Possession de Sarah McLachlan: je pars, à mon tour, à la découverte
de cette âme que je ne connais presque pas, et de ce corps qui m’est
encore bien inconnu. Je ne savais pas qu’il existait, sur Terre, des
femmes comme Laura: des femmes curieuses, libérées, des femmes qui n’ont
pas froid aux yeux. Et moi, ça me rend… curieux. Je savais que je
n’avais pas d’expérience. Pas d’expérience comparable. Passer la nuit
avec une fille, chastement, en tout bien tout honneur, sans la toucher,
sans faire l’amour avec elle, c’est une chose. Me retrouver seul avec
une fille qui a craqué pour moi et à qui j’avais l’air de plaire, une
fille qui m’a masturbé et sucé, et dont je connaissais à présent les
intentions, ça en était une autre.
Et si j’avais un geste déplacé? Et si j’avais une parole qui ne me
ressemble pas, et… pire! Une parole qui lui couperait toute envie? Non!
Je n’en avais pas envie. Pas maintenant. D’habitude, c’est plutôt un
homme qui prend les devants, et la femme répond davantage aux assauts de
son partenaire. Là, les rôles étaient inversés. Il fallait que je m’en
remette à ma partenaire.
Timidement, j’ai pris possession de sa bouche. Lentement, d’abord.
J’ai posé une main sur son cou, et la deuxième sur l’une de ses hanches.
Dans un premier temps, j’ai posé légèrement mes lèvres sur les siennes,
et je lui ai donné un premier baiser. Tout simple. Chaste. Elle a émit
un tout petit bruit, comme de plaisir, de contentement. Comme pour me
faire comprendre qu’elle approuvait et que ça lui plaisait. J’ai
délaissé sa calanque rose et cerise, le temps d’un regard. Je voulais me
rassurer, être rassuré, qu’elle me rassure. Plonger mes yeux dans les
siens, et y trouver son assentiment. Je voulais savoir si elle aimait
que je l’embrasse et que je m’approprie sa bouche. Si je m’y prenais bien…
Laura glissa sa main dans mes cheveux, comme pour m’encourager à
continuer. Dans ses yeux, je pus lire que ça lui plaisait que je prenne
une ou deux initiatives. Ça lui plaisait que je commence à prendre mes
responsabilités. Que je lui montre, un tant soit peu, que j’aie envie
d’elle autant qu’elle ait envie de moi.
Le temps d’un regard, j’avais pu lire la confiance, l’envie et le
désir dans ses yeux. Exactement comme elle avait pu le faire, quand elle
m’avait pris dans sa bouche. Je lui donnais un autre baiser mais, cette
fois, je pris son visage entre mes mains, un peu comme pour savourer
l’instant. Pour lui faire comprendre, à ma façon, que c’était elle et
pas une autre.
Et… Alors que je l’embrassais… Elle me prit les deux mains.
– Benoit… Continue… Encore! J’aime ça. Oui! Continue… J’aime que tu
m’embrasses comme tu le fais, simplement… Il n’y a pas que ta bouche que
je veux sentir. Laisse-toi faire, et… laisse-moi faire. Je veux sentir
tes mains sur moi. Il est temps que je te laisse me découvrir… Ne prends
pas ton air innocent… Voyons! Je suis sûre que tu aimes quand je te
parle comme ça. Je me trompe?
Pendant que je continuais de l’embrasser, mais sans envahir sa
bouche, elle dirige mes mains et les laisse se déployer sur son corps :
sur son cou, sur sa gorge, sur la naissance de sa poitrine, sur son
cœur, sur le bas de ses reins, sur ses fesses.
– Benoit… Tu les sens partout, tes mains sur moi, pendant que tu
m’embrasses? Je veux que tu aies confiance, parce que moi, j’ai
confiance en toi. Rien que de sentir tes mains sur moi, c’est… déjà plus
que je ne l’imaginais, même quand je m’en donnais à cœur joie, seule,
dans mon lit.
Je ne répondis pas, mais ses paroles m’excitèrent encore plus. Mes
mains prirent possession de son cul et s’arrimèrent à ses douces fesses. Je n’en pensais pas moins…
Elle fit remonter mes mains. J’étais donc pour le moment, encore, sa
marionnette… Elle dosait mon désir, à bon escient. Un trop plein
d’envie, et ma sauce aurait giclé plus tôt que prévu. Et ça, à mes yeux,
ce n’était pas envisageable du tout. Même pas en rêve!
Elle autorisa ma langue à glisser dans sa bouche. Vu que je n’avais
pas d’expérience, je ne savais pas trop quoi faire, pas comment me
comporter. Ce n’est qu’au moment où je sentis le bout de sa langue toucher la mienne que je me décidai à larguer les amarres. Et
quand nos deux langues se mirent à fricoter entre elles, c’était déjà
faire l’amour. Moi qui avais rêvé pendant des années d’une langue capable de me faire frémir et de me procurer des frissons,
capable même de me faire bander… A côté de mes rêves et de mes
fantasmes, la réalité ressemblait à un feu d’artifice. Laura a laissé ma
langue pénétrer dans sa bouche, mais je n’ai pas envahi sa ravissante
calanque au bon goût de cerise. Au contraire… nos langues firent juste
l’amour entre elles. Elles se découvrirent. Elles firent connaissance.
Elles se jaugèrent. Je commençais tout juste à apprécier sa langue,
cette langue qui m’avait léché, baisé et donné beaucoup de plaisir, un
peu plus tôt dans la soirée.
Come Undone de Duran Duran…
Laura relâcha quelque peu notre étreinte, et reprit mes mains pour
les diriger ailleurs que sur ses fesses. Elle les fit remonter vers le
nord. Et moi… je perdais de plus en plus le nord à mesure que nous
devenions de plus en plus intimes.
– Benoit. Je t’ai dit toute à l’heure que tu me faisais vibrer. Eh
bien… Tu as pu t'en rendre compte quand on était dans ma voiture à quel
point j’étais mouillée quand je t’ai laissé me toucher pendant que
j’avais ta belle queue dans ma main… C’est toujours le cas. Je meurs…
non! Je crève d’envie que tu me caresses comme j’en ai souvent rêvé. Et
quand tu poseras ta bouche sur moi… Quand tu me lécheras et quand ta
langue me baisera… Non! Je préfère ne pas imaginer… Je VEUX le vivre! Je
VEUX en jouir déjà!
Toutes sortes de pensées se bousculèrent à cet instant dans ma tête,
mais il n’y avait pas de cohérence entre elles. Ce qui était par contre
certain, c’était que Laura avait toujours un voire deux coups d’avance.
Elle me parlait avec aisance, et sans complexe de ses désirs. Ses
désirs qui étaient, pour la plupart, les miens.
Nos mains remontèrent lentement plus haut. J’étais toujours sa
marionnette. Je sentais que ça lui tenait à cœur que mes mains
découvrent tout son corps, que je commence tout juste à le découvrir, et
à l’aimer…
À ce moment précis, résonna dans la pièce Touch My Body de Mariah
Carey. C’est à cet instant précis que Laura fit poser nos mains jointes
sur sa poitrine...
Commentaires
Enregistrer un commentaire