Une nuit sensuelle
 Boulogne sur Mer, février 2016
 
La vie est belle. Il y a des jours où l'on se sent bien. Aujourd'hui, 
c'est l'un de ces beaux jours. Qu'importent les nuages… Qu'importe la 
pluie… Qu'importe le vent… Qu'importe le froid…
Je rentre chez moi, tranquillement, le cœur léger. Je viens d'attendre 
son train avec elle, jusqu'à temps qu'elle soit hors de ma vue. Je 
l'aime. Elle ne le sait pas... encore. Nous n'avons pas couché ensemble 
cette nuit. Juste dormi l'un contre l'autre, dans mon lit. Je ne pourrai
 jamais oublier cette nuit pour le restant de mes jours.
 
Elle, elle s'appelle Tiffany. Nous sommes camarades de promotion, à 
l'université, en Licence Professionnelle Guide-Conférencier. Nous avons 
eu un coup de foudre amical l'un pour l'autre, dès le début de l'année. 
Nous passons pas mal de temps ensemble: à travailler, à parler, à nous 
promener en ville, à rire, à nous confier l'un à l'autre etc.
J'ai vingt-cinq ans. Tiffany les aura dans quelques mois. J'ai un faible
 pour elle depuis le début de l'année. Mais, ça… Elle ne le sait pas. 
Elle n'est peut-être pas la plus belle femme du monde, ni la plus sexy. 
Mais, c'est elle que j'aime, et pas une autre. Tiffany a les cheveux 
bruns, qui lui arrivent au niveau des épaules. Elle a les yeux 
marrons/verts, et elle porte des lunettes. Son visage est riche en 
émotions: il est triste quand elle pleure, il est heureux quand elle 
sourit, il est hilare quand elle rigole. Et ses lèvres… Sa bouche… Cette
 calanque rose que je meurs d'envie d'embrasser… Je n'ai jamais embrassé
 Tiffany, et pourtant… Dans mes rêves, l'un de mes fantasmes est 
d'effleurer ces lèvres, de les toucher, de les mouler sur les miennes, 
de les picorer. Dans mes rêves, j'ai une idée des différentes textures 
de nos baisers. Et sa langue… J'imagine une petite langue, capable de me
 faire frémir et de me procurer des frissons, capable même de me faire 
bander.
Tiffany n'est pas très grande. Du moins, elle est un tout petit peu plus
 petite que moi. Elle est plutôt mince, même si elle n'arrête pas de 
dire qu'elle a quelques kilos en trop. Pour ma part, je la trouve jolie 
comme elle est. Elle aime porter des robes pour aller en cours ou bien 
en ville. Il peut lui arriver de se vêtir d'un chemisier ou d'un 
débardeur, sous un pull chaud et d'une jupe ou d'un jean. Quand elle 
sort, elle porte toujours son fameux manteau bleu, et, surtout, son 
béret gris qui lui confère, j'ai envie de dire, un petit charme.
Elle et moi, nous avons fait vraiment connaissance deux semaines après 
la rentrée. C'était autour d'un café gourmand dans 
un café du centre-ville. C'est son péché mignon, le café gourmand! C'était elle qui avait fait le premier pas. 
Elle avait envie que l'on fasse «plus ample connaissance», pour 
reprendre les mots qu'elle avait prononcés la première fois où nous nous
 sommes adressés la parole. Nous avions donc fait «plus ample 
connaissance»: nous nous sommes parlés de nos vies respectives. Je lui 
avais parlé de ma famille, de mes hobbies et de mes centres d'intérêt. 
Je lui avais parlé de mes blessures intimes: cette atrophie testiculaire
 à l'âge de quinze ans qui m'avait pris l'un de mes deux testicules… 
cette embolie pulmonaire qui avait bien failli me coûter la vie quand 
j'avais vingt-et-un ans. Tiffany n'hésita alors pas à se mettre à nu à 
son tour. Elle m'avoua qu'elle avait perdu sa mère quelques années plus 
tôt, qu'elle avait découvert depuis peu de temps qu'elle ne pourrait 
jamais avoir un enfant à cause d'un problème génital grave, qu'elle 
avait perdu toute confiance en les hommes depuis que son dernier petit 
ami en date l'avait trompée avec l'une de ses amies.
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts entre nous. Nous nous sommes 
apprivoisés pas à pas. Nous avons appris à nous faire confiance l'un à 
l'autre. Il nous est arrivés de nous inviter dans nos chez-nous 
respectifs. Elle habite un petit studio alors que j'occupe une chambre 
au sein d'une colocation de jeunes. Tiffany m'a même plusieurs fois 
inviter à dîner chez elle. Je lui ai renvoyé l’ascenseur.
Depuis plusieurs mois, je marche sur des œufs pour ne pas faire peur à 
Tiffany. J'aimerais lui avouer qu'elle me plaît et qu'elle ne me laisse 
pas indifférent. Même si une amitié est née entre nous, j'ignore ce 
qu'elle peut bien ressentir au fond de son cœur à l'heure actuelle. Elle
 ne le sait pas, mais il m'est arrivé plusieurs fois de rêver d'elle la 
nuit: de m'imaginer son corps dénudé, de la toucher et de la caresser, 
de l'embrasser, de danser avec elle, de la prendre dans mes bras, de la 
lécher, de la pénétrer, de la prendre tout court, de lui donner du 
plaisir, de la faire jouir.
Je veux prendre mon temps. À vrai dire, je m'efforce de lui créer tout 
un contexte, un climat de confiance dans lequel elle se sente bien et en
 sécurité. Je veux être son Pygmalion. Elle est la femme que j'ai envie 
de protéger et je me vois bien me réveiller à ses côtés chaque matin. 
Comme ce matin… Au moment propice, je déclarerai mon amour à Tiffany.
 
Ce matin, à 7 heures 30 précises, Tiffany est partie de la gare de 
Boulogne-Ville, à bord d'un TER. Direction: Paris, où elle va passer 
quelques jours chez son oncle et sa tante. Étant donné que j'habite à 
quelques encablures de la gare, elle m'a demandé si je pouvais gentiment
 lui permettre de passer la nuit chez moi. Même pas besoin de réfléchir 
une nanoseconde, je lui ai dit oui. La veille, nous avions fini les 
cours à 18 heures. Nous sommes allés chez elle afin qu'elle puisse 
terminer de préparer sa valise et la prendre pour aller ensuite chez 
moi. Après un dernier coup d’œil pour vérifier si elle n'avait rien 
oublié, elle a éteint toutes les lumières et nous avons quitté son 
studio. Nous sommes arrivés chez moi à peine trente minutes plus tard. 
Nous avons juste fait une halte au supermarché pour acheter de quoi 
dîner. Une fois rentrés, nous avons posé nos affaires dans ma chambre, 
puis monté à l'étage pour boire un verre pour nous désaltérer. Ce fut 
l'occasion pour nous de papoter un peu avec mes colocataires. Elle me 
prévint qu'elle voulait prendre une douche et se refaire une beauté. 
Elle descendit donc au rez de chaussée où la salle de bains était, à 
proximité de ma chambre. Pendant ces temps, avec mes colocataires, nous 
parlâmes de foot et de filles, tout en écoutant la musique de fond qui émanait de la 
chambre de l'un d'entre eux. C'était de la musique électronique si mes souvenirs sont bons. Certains firent des allusions à Tiffany et 
moi. Ah… La «petite Tiffany»… Ils mettaient enfin un visage sur son nom.
 Je leur avais beaucoup parlé d'elle. Ils ne se moquaient pas de moi. 
Ils me taquinèrent juste un peu alors que je maintenais bec et ongle 
qu'il n'y avait rien d'intime entre nous: ce qui était d'ailleurs le 
cas! Quoi qu'il en soit, Stéphanie ne les laissait pas, eux aussi, 
indifférents. Mais, je voulais que ce soit moi l'homme qu'elle voudrait 
choisir.
Tiffany revint quinze minutes plus tard. Ses cheveux n'étaient plus 
lâchés, mais attachés en une queue de cheval. Dans mes rêves, je défais 
l'élastique de sa queue de cheval et je glisse mes mains dans ses 
cheveux lâchés. Elle n'en était pas moins ravissante. Elle avait changé
 de débardeur, et troqué son pantalon contre une jupe.
Nous dînâmes tous les deux, mes colocs nous ayant laissés tous les deux,
 en intimité. Nous avons dégusté les pâtes que j'avais préparées, et le 
saumon que Tiffany avait fait cuire, autour d'un verre de thé glacé à la
 mangue. Nous savourâmes notre repas tout en discutant de notre 
formation, de peinture, de sculpture et d'architecture. Une fois notre 
modeste festin terminé, Tiffany m'aida à nettoyer et à essuyer le peu de
 vaisselle que nous avons utilisé.
Nous sommes revenus dans ma chambre. Tiffany me proposa de regarder un 
film avec elle, sur son ordinateur portable. Je lui ai dit OK. J'avais 
juste besoin de prendre une douche. J'ai posé une serviette, mon gel 
douche, un tee-shirt, un boxer et un short propres sur mon lit. Sur le 
même lit, une nuisette et une petite culotte, toutes deux en dentelle, 
étaient déjà posées. Je clignai des yeux en me demandant si j'avais bien
 vu ce que je venais de voir. Tiffany ne remarqua pas mon moment de 
trouble. Elle était occupée à consulter ses e-mails et à y répondre. Je 
quittai ma chambre en silence pour me rendre, à mon tour, dans la salle 
de bains. Je n'arrivais pas à oublier, je ne pouvais pas oublier, je ne 
voulais pas oublier la lingerie en dentelle, posée sur la couette de mon
 lit. Tiffany, malgré elle, venait de me livrer une nouvelle facette 
d'elle: une facette plus érotique, plus sexy. Jusqu'alors, je ne 
connaissais que la Tiffany des salles de cours, des amphithéâtres et des
 terrasses de cafés. Au plus profond de moi, je n'étais pas contre le 
fait de faire connaissance avec une Tiffany plus sensuelle, plus intime.
 C'est alors que je me rendis compte que je bandais. Mon pénis en 
érection dessinait une bosse difficile à dissimuler dans mon jean. 
Heureusement que la salle de bains n'était qu'à quelques mètres de ma 
chambre et que personne ne se trouvait, à ce moment précis, dans les 
parages! Je m'enfermai à clé dans l'une des deux cabines de douche que 
comptait la salle de bains de la colocation. Je me déshabillai. Nu, 
j'actionnai le robinet et dirigeai le jet du pommeau de douche en 
direction de mon corps. Je laissai l'eau ruisseler sur celui-ci, et me 
détendis au contact de l'eau chaude. Je fermai les yeux, et me laissai 
aller. Je pensais à Tiffany et à sa lingerie. Je l'imaginais la porter, 
rien que pour moi. Elle devait être une bombe sexuelle, atomique, 
dedans…! Je me passai les mains sur ma peau, sur l'intégralité de mon 
corps. Il me fallut une poignée de secondes avant de réaliser que 
j'avais pris mon pénis dur en main et commencé des va-et-vient lents. 
J'avais toujours les yeux fermés, et me créai une banque d'images à 
partir de visions qui me venaient de la Tiffany de mon fantasme. Tout en
 continuant mes va-et-vient qui étaient devenus plus rapides, je voyais à présent Tiffany:
 demi-nue… nue… Je m’imaginai qu'elle avait des petits seins. Des petits 
seins tout mignons, aux pointes roses. Je m'imaginai caresser doucement 
ces beautés et les prendre délicatement dans la paume de mes mains. Je 
m'imaginai toucher, lécher, sucer, prendre ses tétons en bouche, les 
téter et les faire dresser. Quant à son ventre, plus bas, je déposai des
 baisers mouillés en partant de sa gorge jusqu'à son bas-ventre, en 
passant par son nombril. Lui… J'y posai ma langue en la faisant 
tournoyer un peu. Encore, encore plus bas, un sexe de femme se dessina 
dans mon esprit tout excité. Je voyais une légère toison de poils bien 
entretenue couvrir le mont de Vénus et les lèvres intimes de ma Tiffany.
 Je me voyais y glisser mes doigts et à y prendre un certain plaisir. Un
 jour, peut-être, je pourrais en donner à Tiffany…
Toutes ces visions, tous ces flashs instantanés dopèrent mon plaisir. 
J'étais à présent trop excité pour avoir envie de m'arrêter. Je ne le 
voulais pas de toute façon. Je connaissais mon sexe et les sensations 
que je pouvais obtenir de lui: je me masturbe depuis que j'ai quinze 
ans. Je n'avais aucune idée du nombre d'orgasmes que j'avais pu obtenir.
 En revanche, je sais que chacun de ses orgasmes m'a comblé. Ça, c'est 
sûr. En parlant d'orgasmes… A force de fantasmer sur Tiffany, d'avoir 
trouvé le rythme idéal et d'avoir stimulé mes zones érogènes favorites, 
un orgasme me coupa le souffle et me foudroya. Je gémis tout en me 
foutant de savoir si quelqu'un m'avait entendu ou pas. Mon cœur battait 
fort et vite. J'avais du mal à reprendre mon souffle. J'avais du sperme 
sur ma main et sur le gland de mon sexe. Je me rinçai alors, puis me 
lavai en n'oubliant pas de décalotter et de nettoyer le bout de mon 
sexe. Une fois m'être intégralement rincé, je sortis de la douche. Je me
 séchai. Je me sentais planer. Je me sentais bien. Je me rhabillai. Je 
me lavai les dents, puis déposai un tout petit peu de parfum sur mon 
corps. Le sourire aux lèvres, je quittai la salle de bains et regagnai 
ma chambre.
Tiffany s'était vêtue de sa fameuse nuisette. Fine, légère, je pense 
qu'il était possible de deviner l'existence d'une petite poitrine. En 
revanche, la partie basse de son corps était couverte par un bas de 
pyjama. Impossible de déterminer à cent pour cent si elle portait la 
culotte sexy que j'avais vue toute à l'heure. Peut-être…!
J'ignorais ce que Tiffany avait pu faire pendant que je prenais ma 
douche… Peut-être qu'elle avait continué de consulter sa boîte e-mail… 
Peut-être qu'elle avait fait une ou deux recherches sur Internet… 
Peut-être qu'elle s'était caressée dans la solitude intime de ma 
chambre, sur mon lit, avec la lumière tamisée de ma lampe de chevet… Je 
ne saurai jamais. Quoi qu'il en soit, Tiffany m'attendait, le sourire 
aux lèvres. Que cette femme a le don de me faire fondre! J'en lève les 
yeux au ciel rien que d'y penser.
Elle avait envie de regarder un film en particulier qu'elle aimait bien.
 Je voulais lui faire plaisir, alors je n'ai émis aucune objection. 
Après tout, Tiffany était élue en ma demeure. Je voulais qu'elle devienne la déesse de mon lit. Elle mit le film en route, et on se tint assis côte
 à côte. Au bout d'une dizaine de minutes, elle se mit à bailler de plus
 en plus. Elle eut la gentillesse de me demander si ça ne me dérangeait 
pas que l'on arrête le film. Elle ne pouvait masquer sa fatigue. Elle 
arrêta le film, et éteignit son ordinateur portable. Elle enleva ses 
lunettes, et j'en fis de même.
Elle s'installa dans le lit, côté mur. Je pris la place restante: celle 
côté vide, côté sol. Elle alla une dernière fois aux toilettes. J'en 
profitai pour m'installer à sa place...afin de la réchauffer. Ma 
galanterie était sans limite. Tiffany revint, et je repris ma place 
initiale. Il était 23 heures. Nous nous couchâmes, et j'éteignis la 
lumière.
 
J'avais chaud...Et portant, je me souvenais bien d'avoir réglé le 
radiateur de ma chambre de telle sorte qu'il ne fasse pas trop chaud. 
J'ouvris les yeux en catastrophe. J'étais tout en sueur. Puis, je pris 
conscience que je n'étais pas seul dans le lit. Une assez ravissante 
jeune femme y dormait également, profondément. Qu'elle était belle dans 
son sommeil… Tiffany avait de nouveau lâché ses cheveux bruns, et 
quelques mèches caressaient à la fois son coussin et son visage. Je 
pouvais l'entendre respirer. Elle me tournait le dos. Je levai les yeux 
au ciel en me disant que j'avais de la chance de l'avoir pour moi»cette nuit, que j'étais en train de vivre quelque chose d'unique et de 
beau, que des hommes tueraient pour être à ma place. Soudain, je 
réalisai que ce n'était pas le radiateur qui rendait l'atmosphère 
torride. Tiffany en était responsable si l'on pouvait dire! Je suis loin
 d'être habitué à être avec une femme. À vingt-cinq ans, je n'étais 
jamais tombé véritablement amoureux jusqu'alors. Je n'ai jamais fait 
l'amour à une fille. Je n'ai qu'une sexualité solitaire. Je vivais une 
sorte de renaissance de ma sexualité sur le tard, en quelque sorte. Je 
découvrais la sensualité, le plaisir d'être avec une femme, et quelque 
chose me disait que j'avais encore bien plus à apprendre…
Je décidai d'enlever mon tee-shirt et mon short. J'étais à présent torse
 nu. Seul le boxer couvrait encore mon corps. Mon pénis refaisait des 
siennes: j'étais de nouveau en érection. La faute à cette jeune créature
 de sexe féminin qui continuait de dormir paisiblement dans mon lit. Je 
repris ma place dans le lit. Je décidai volontairement et délibérément 
de coller mon torse au dos de Tiffany. La position était agréable. Elle 
me permettait de sentir son corps contre le mien. J'étais encore loin de
 débander, et ma verge était collée à ses fesses. Je ne le faisais pas 
d'exprès, mais en y réfléchissant, c'était excitant. Sur ce, je réussis à
 me rendormir rapidement. La présence chaude de Tiffany contrastait avec
 mes nuits solitaires et glacées. Je passai une main autour de la taille
 de mon amie comme si je m'accrochais à tout prix à un radeau de survie.
 Ça me faisait du bien qu'elle soit là, chez moi, cette nuit, dans mon 
lit.
…
 
Le réveil de mon téléphone se mit en marche à 6 heures 30. La 
nuit a été belle. Torride mais agréable. J'eus du mal à me réveiller 
parce que je ne voulais pas quitter le lit. Et surtout, je n'avais pas 
du tout envie qu'elle se lève de mon temple intime. Son réveil sonna en 
même temps que le mien. Nous nous levâmes en même temps. J'eus un peu 
honte lorsqu'elle constata que je ne portais qu'un boxer. Elle ne dit 
rien, mais eut comme un sourire coquin:elle n'en pensait pas moins…
Elle me dit qu'elle avait besoin de faire un arrêt à la salle de bains 
avant de prendre son petit-déjeuner. Je n'écoutais pas: mes yeux étaient
 rivés sur sa nuisette et son bas de pyjama. Ah… Si nous étions 
ensemble… Je m’approprierais toute cette dentelle… Certains de mes 
fantasmes secrets prendraient vie… Mais, nous n'en sommes pas là. Je 
montai alors à la cuisine commune. Je vis Thibault, l'un de mes 
colocataires, en train de jouer 
avec son chat. On se serra la main, et nous bavardâmes un peu. Sur un 
ton taquin, il me demanda comment avait été la nuit. Bien sûr, je savais
 ce qu'il insinuait, mais je ne lui répondis que par un sourire. Je fis 
chauffer deux mugs d'eau dans lesquels nous allions chacun faire infuser
 un sachet de thé. Pour Tiffany, c'était son éternel thé vert/menthe, 
et pour moi, il me fallut quelques instants pour me décider, et je jetai
 finalement mon dévolu sur un pêche/cassis.
A peu près vingt minutes plus tard, Tiffany entra dans la cuisine où 
était également maintenant Karim, notre colocataire algérien. Qu'elle 
ne fut pas ma surprise quand je vis qu'elle portait l'un de mes 
tee-shirts… Elle me demanda si cela ne me dérangeait pas. 
Thibault-toujours apparemment occupé avec son chat-me lança un coup 
d’œil. Vous savez? L'un de ces clins d’œil qui vaut tous les mots du 
monde. Je ne pus que constater que ce tee-shirt, de couleur bleu marine;
 lui allait bien. Cependant, je restai interdit: d'habitude, n'était-ce 
pas ce que les filles faisaient lorsqu'elles sortaient avec un mec et 
qu'elles avaient assez d'intimité avec lui? Je rappelle que je suis son 
ami, juste son ami. Je reconnais qu'elle était belle dedans. Nous prîmes
 notre petit-déjeuner, et bien sûr, elle n'avait pas oublié ses biscuits
 aux pépites de chocolat. Elle m'en tendit un sachet avant d'en prendre 
un pour elle. Elle avait pour habitude de tremper ses biscuits dans son 
thé. Moi, je buvais mon thé d'un côté, et je mangeais les biscuits de 
l'autre. Quand nous avons terminé notre petit-déjeuner, je remarquai 
qu'il y avait quelques particules de miettes de biscuit au niveau de la 
commissure de ses lèvres. Je décidai de les enlever avec mon doigt. 
J'eus ainsi l'occasion de la toucher juste un instant. Elle se laissa 
faire, baissa légèrement les yeux avant de les plonger dans les miens. 
Elle détourna très rapidement le regard, comme gênée ou prise au 
dépourvu. Ce petit regard avait beau avoir été éphémère, mais il 
semblait lourd de sens. Peut-être que nous étions en train d'en 
apprendre plus sur nous deux…
Étant donné qu'elle s'était déjà faite une toilette de «chat», elle n'avait plus qu'à s'habiller. Moi, je 
me fis, à mon tour, une toilette de «chat»: je me passai un coup de gant
 sur le visage, je me lavai les dents et les oreilles. Enfin, je me 
déposai un peu de mon parfum sur le corps. Un peu de parfum sur le 
corps, et un beau sourire aux lèvres: j'étais beau et j'étais prêt à 
attaquer une nouvelle journée. Quand je revins dans la chambre, Tiffany 
était habillée et visiblement prête. Mon tee-shirt était plié sur mon 
bureau, et elle l'avait troqué contre une robe mauve. Elle portait une 
paire de collants. Je notai une odeur de parfum. Un parfum extrait d'une
 fleur exotique, probablement… Une senteur délicate et agréable. Je lui 
demandai gentiment si elle pouvait sortir cinq minutes de ma chambre, le
 temps de m'habiller. Elle sortit, et me laissa seul. J'optai pour une 
élégante chemise noire, et un pull de la même couleur. Je mis la main 
sur un caleçon propre et un jean slim gris.
Je fis l'effort de refaire mon lit. Je remis les draps et la couette 
comme il faut. Je replaçai correctement les coussins à leur place 
respective. Celui de Tiffany attira mon attention, de par la senteur 
florale qui en émanait: Tiffany avait malicieusement ou non déposé un 
peu de son parfum sur mon coussin. De plus, la chaleur de son corps 
subsistait. Quant au tee-shirt qu'elle m'avait emprunté, c'était la même
 chose. J'en humai l'odeur. Et dire que ses petits seins en avait touché
 le tissu… Je me suis alors promis de ne plus mettre le coussin et le 
tee-shirt à la machine à laver. Plus jamais de la vie!
Je dus sortir de mes pensées fétichistes et sensuelles quand quelqu'un 
frappa à ma porte. Ce ne pouvait être que ma ravissante camarade de 
promotion. Elle entra, et me demanda pour combien de temps j'en avais 
encore. Je lui répondis que j'étais prêt, et que si elle l'était aussi, 
nous pouvions nous rendre à la gare. Elle enfila son manteau et ses 
bottines, puis vissa son béret gris sur son joli chef. Moi, je portais 
mon manteau bleu foncé et mes Converse All Star.
Il était 7 heures. J'ai proposé à Tiffany de porter sa valise. Galant 
comme je suis, je n'ai pu m'en empêcher. Elle accepta, et pris son sac à
 main. Après un dernier coup d’œil pour vérifier si elle n'avait rien 
laissé, j'éteignis ma lampe de chevet et fermai la porte de ma chambre à
 clé. Nous sommes alors partis en direction de la gare.
 
Nous avons marché côte à côte tout en nous parlant jusqu'à ce que nous 
sommes arrivés. Il était 7 heures 15. Il nous restait donc quinze 
minutes avant que le train de Tiffany n'arrive. Étant donné qu'elle 
avait déjà acheté un billet, elle ne perdit pas de temps. Un coup d’œil 
au tableau des horaires des trains, nous vîmes que le TER de Tiffany 
pour Paris était annoncé voie 3. Nous nous y sommes rendus aussitôt. 
Nous parlâmes de tout et de rien une fois sur le quai de la voie 3. Pour
 tuer le temps, je suppose. A un moment, une mèche folle tomba devant 
les yeux de ma belle. Ni une, ni deux: je l'ai replacée. Comme au 
petit-déjeuner toute à l'heure, nous nous sommes regardés, puis nous 
avons détournés nos regards presque instantanément, gênés. Nous n'avons 
pas eu le temps de nous dire autre chose: le train venait d'entrer en 
gare. Il arriva sur le quai de la voie 3. Tiffany me prit dans ses bras 
et me fit un câlin. Mon visage plongé dans son cou, je pouvais respirer 
son parfum. Foutu train… Foutue visite chez sa famille… Elle relâcha son
 étreinte. Je l'ai aidée à installer sa valise dans le wagon où elle 
allait s'asseoir quelques instants plus tard. La sonnerie indiquant le 
départ imminent du train retentit. Nous entendîmes également les 
consignes du chef de bord. Nous nous fîmes la bise, et je lui fis 
promettre de m'envoyer un SMS dès qu'elle serait arrivée à destination. 
Elle hocha la tête pour acquiescer. Cela valait tous les oui du monde. 
Après un dernier sourire, je quittai le wagon pour remettre les pieds 
sur le quai. Une deuxième sonnerie retentit alors: c'était le départ. 
D'ici quelques secondes, le train allait être déjà loin. Le TER à 
destination de Paris quitta progressivement la voie, et je souris une 
dernière fois à Tiffany en lui soufflant un baiser. Elle répondit à mon 
baiser par un autre baiser. Le train disparut petit à petit de ma vue.
 
Il est 7 heures 40. Je suis en train de rentrer chez moi. La vie est 
belle. Aujourd'hui, c'est un beau jour, et je me sens bien. J'ai le cœur
 léger. Je pense à ma Tiffany… J'ai hâte d'être dans ma chambre, au 
chaud. J'ai hâte de me blottir contre le coussin, de sentir et de 
ressentir ce parfum de femme. Ce parfum… Ce corps… Cette femme… Cette 
lingerie en dentelle… Mon cœur bat la chamade, et j'ai une nouvelle 
érection. Et si je me masturbais en rentrant?
Écouteurs aux oreilles, Enjoy the Silence de Depeche Mode à plein 
volume, je marche en réalisant que je suis peut-être en train de vivre 
tout ce dont j'ai toujours rêvé, et que Tiffany est tout ce que j'ai 
toujours voulu.
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